
Grand-mère, mamy, abuela, mémé, mémère. 👩🏽🦳
Parfois, dans la tête des gens, devenir grand-mère, c’est entrer dans la catégorie des vieilles choses. Comme si, du jour au lendemain, parce que votre propre enfant a donné naissance à une nouvelle vie, vous deveniez quelqu’un d’autre.
Aujourd’hui, j’ai 52 ans. Je n’y avais jamais particulièrement fait attention (en dehors du fait que j’ai pris 10kg et que je n’arrive plus à mettre mon nez sur mes genoux) . On me dit souvent que je ne fais pas mon âge. C’est probablement grâce aux jeunes que je côtoie et mes enfants.
Devenir grand-mère, ça fait presque peur. Tout ce que l’on a appris, soudain, n’a plus aucune valeur. Dans une société où tout doit aller vite, on ralentit. On regarde les fleurs pousser. On se demande ce qui, finalement, en vaut vraiment la peine.
🌷Ce 5 mars, c’est la fête des grand-mères.
Il y a longtemps que mes grand-mères sont décédées. Elles avaient des caractères bien différents et des modes de vie opposés.
L’une adorait le rouge à lèvres, le parfum et les bijoux. Elle se pomponnait souvent. Je l’appelai Mamy. On lui disait “vous”. Mon papa a découvert après sa mort qu’elle avait des origines juives. Je ne l’ai pas vraiment bien connue.

Mon autre grand-mère, je l’appelai mémère. On y parlait le patois tournaisien, on mangeait avec les doigts. On faisait les frites dans une casserole avec de l’huile et de la mayonnaise maison. Elle portait toujours son tablier bleu ciel.
Pendant la semaine, dès 16h, elle s’installait à la fenêtre pour regarder les enfants sortir de l’école. Mon grand-père passait son temps à la faire “enrager” comme elle disait.
Pendant mon adolescence, j’y allais tous les dimanches. Je faisais la route à pied. Ça me prenait 20 minutes, je n’avais pas peur de me faire kidnapper, je traversais la Carbonelle, je passais devant la biscuiterie Desobry puis devant l’église St Paul. Je m’arrêtais sous l’immense saule pleureur avant de repartir vers ma destination.
Dès l’âge de 12 ans, j’avais mon petit verre de Martini rouge, des croquettes maison, du pigeon (parce que c’est fort le pigeon), des flageolets.
Mais, la sieste était obligatoire dès 14h!
C’était un rituel bien rodé: Ma grand-mère ronflait dans son fauteuil favori. Mon grand-père rejoignait son lit et moi, j’avais le divan. Je râlais à tous les coups.
Puis, je suis partie faire mes études plus loin, je n’y suis presque plus revenue. Je n’avais pas de portable à l’époque, ni de voiture. Je sais, ce sont des excuses.
Je n’ai pas pris le temps de connaitre leurs histoires.
À 18 ans, on n’écoute pas les vieux, on ne sait pas non plus ce qu’ils ont à nous raconter. Pourtant, mes grand-mères étaient nées dans les années 30! Elles avaient vécu la guerre et le droit de vote en 1948 en Belgique!
Pour moi, dire “vieux”, ce n’est pas péjoratif. J’habite près d’un home, il y a une petite grand-mère qui vient régulièrement frapper à ma porte. Elle me fait un tête de chien battu et me demande si je n’ai pas une petite pièce. Une arnaqueuse de première catégorie!
Alors, je ressors ces photos. Non pas parce que c’est la fête des grand-mères mais bien parce que je pense souvent à elles et que j’avais envie de leur rendre hommage.

Si j’avais su qu’aujourd’hui, j’aurais tant de questions à leur poser!
Ce 5 mars, c’est la fête des grand-mères. J’espère qu’elles veillent sur moi, qu’elles sont fières de ce que je suis devenue.
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