Writober #1

C’est parti pour le writober!

Vous connaissez?

Il s’agit d’écrire une histoire courte par jour basée sur une liste de mots. J’ai choisi la liste des @murmureslittéraires. Il existe une liste “officielle” mais l’objectif étant d’écrire… ces mots me parlaient tout autant!

J’ai aussi retrouver toute ma motivation à écrire… Surtout n’hésitez pas à me laisser vos commentaires!

Noé, les pieds mouillés – writober#1

Il y avait bien longtemps que le temps avait fait son œuvre sur la vieille maison de pierres, mais l’histoire avait marqué les esprits du village et les mots couraient deux fois plus vite la nuit tombée surtout en octobre quand les ombres s’allongeaient.

Noé l’avait entendue dix fois au moins de la bouche de sa mère et même de son père pourtant ignorant des rêves de sorcières. Mais ce rêve-là, même les hommes s’en méfiaient.

On disait qu’une fois la porte franchie, il était impossible d’y échapper. On disait qu’une fois la porte franchie, la maison vous avalait.

Mais ça, Noé ne savait pas trop quoi en penser.

On aurait pu croire que la vieille maison de pierres se cacherait au milieu d’un bois ou d’une forêt, mais non, elle poussait sur trois pieds, au cœur du village. Personne ne pouvait l’ignorer. Autour, les anciens avaient dressé des murs hauts de cinq mètres, mais on pouvait encore deviner le toit tordu de la maison. Parfois, s’en échappait une volute de fumée, personne ne savait ni comment. Ni pourquoi. Les mots avaient voyagé, mais pas Noé.

Ce matin-là, la pluie mouillait les pavés. La musique des gouttes chantait dans ses oreilles ou plutôt, elle lui parlait.

  • Noé, Noé, les pieds mouillés, entre donc te réchauffer…

Son cœur s’accélérait. La pluie se fit averse et la musique des gouttes se transforma en cacophonie. Chacune d’entre-elles répétant l’écho des gouttes tombées.

  •  Noé, Noé, les pieds mouillés, entre donc te réchauffer…

Il se plaqua les mains sur les oreilles mais la musique était dans sa tête. Il courut sous l’averse pour rejoindre la vieille maison de pierres au milieu du village. Il courut laissant ses mains caresser les murs. Il courut au rythme de la pluie et ses pieds mouillés, par trois fois, firent le tour de l’enceinte jusqu’à ce que tout à coup, une porte apparut. Une vieille porte vermoulue.

Noé s’arrêta net. La pluie en fit autant. Ses vêtements dégoulinants, il ne savait trop s’il fallait rentrer à la maison, appeler les anciens ou frapper à la porte. La pluie continuait de s’égoutter de ses baskets trempées.

Il frappa à la porte.

  • Noé, Noé, les pieds mouillés, retire donc tes souliers…

Maman lui disait toujours la même chose. De retirer ses chaussures avant d’entrer. La maison expira un souffle de chaleur l’invitant à entrer. Il sourit, se baissa pour dénouer ses lacets.

Ses orteils libérés, il pencha la tête dans l’entrebâillement de la porte.

  • Jolie maison, me laisseras-tu entrer ?
  • Entrer ? Oui ! Noé, les pieds mouillés !

C’est là qu’une main feuillue, craquante et vieille comme le monde avala Noé dans la maison. Le village se mit à trembler, la maison grandit sur ses pieds.

 Sur le sol, au pied des murs anciens, ne restaient que de petits pas mouillés…

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